Le couple est-il mort ?

La junk-food a conquis nos enfants, nos rues et nos estomacs. Ne pouvant se contenter de bouleverser nos habitudes culinaires, la garce a enfanté son lot d’obésité, de diabète et de cancer. A qui la faute ? A nous, pardi ! Personne ne nous pose un gun sur la tempe quand on franchi les portes du KFC, à ce que je sache !

La fainéantise, le je-m’en-foutisme et cette manie stérile à toujours être pressé (mais après quoi courent-ils nom de Dieu, il y a un métro toutes les minutes !) ont eu raison des plus faibles, terrassés par leur addiction au gras et au sucre de synthèse. Je choisis vite, mange vite et passe au fast-food suivant ! Notre amour passionnel pour la cuisine s’est transformé en histoire de cul sordide. 
Alors forcément, quand on prend l’habitude de nexter la bouffe, on finit par reproduire le même schéma avec les êtres humains. Vous en avez rêvé, Tinder l’a fait :
Je te veux, je te baise, je te jette… SUIVANT ! Un outil formidable, plus performant que le MCDO, car on peut commander en ligne et se faire livrer. Et plus la peine de ramener son plateau, il dégage de lui-même.

Comment de pareilles applications ont-elles pu en moins de 10 ans s’imposer comme la norme ? La facilité, la peur du rejet et l’insatiabilité nous fournissent sans doute un début d’explication. Et puis il faut dire aussi que la drague n’a plus trop la côte ces temps-ci, entre les balance ton porc, le féminisme exacerbé et la chasse à l’homme généralisée… l’homme moderne se dit qu’il est sans doute plus raisonnable de se cantonner à des branlettes devant son ordi ou de devenir pédé s’il veut éviter le lynchage programmé. Je caricature, évidemment, mais le temps nous a souvent montré que la caricature devenait un jour la norme. Alors, méfie !

Les femmes sont paradoxales quand même ! Elles se plaignent que les hommes n’osent plus les aborder, mais quand ça leur arrive, elles les envoient chier. Du coup, les hommes timides abandonnent la drague dans le monde réel tandis que les plus téméraires se bourrent d’abord la gueule avant de partir à l’abordage (et ce n’est pas toujours beau à voir).  Au final, la rue est laissée aux relous, aux cas-sociaux et aux potentiels violeurs. Toutefois, il ne s’agit pas de jeter la pierre aux femmes qui, dans leur grande majorité, n’adhèrent pas à cette mise à mort programmée du mâl(e) occidentalisé. S’il fallait en jeter une, ce serait sur celles et ceux qui leur martèlent le cerveau qu’un homme est un prédateur avant d’être un amant ou un protecteur (au sens noble du terme, on ne parle pas de proxénète #balancetonparano).

Résultat des courses, tout le monde se retrouve sur une appli de merde à la recherche de l’amou… heu, du match de sa vie ! Vous vous rendez compte que j’ai fait connaissance avec ma voisine sur Adopte alors qu’on se croisait tous les matins avec le sourire, mais sans oser le dépasser ? Bref… Il y a quelques années, seuls les puceaux et les pervers allaient sur ces sites de rencontres. C’était honteux et l’on s’en cachait. Aujourd’hui, tout le monde scroll son appli à la terrasse des cafés, étalant ses conquêtes numériques à la vue de tous ses potes. Les temps changent, comme disait Solaar.

Trop de choix, de possibilités, l’illusion de l’infini. Et cette facilité de larguer. Avant, il fallait affronter la personne en face-à-face ou du moins, lui téléphoner. Aujourd’hui, un SMS ou un Snap suffit. Et encore, certains rompent par le silence radio. Cruel mais tellement efficace !

Mais ne blâmons pas trop les sites de rencontres, qui, après tout, ne sont que la réponse capitaliste à une détresse… capitaliste. Car si la drague physique devient de plus en plus marginale, ce genre d’application matche aussi parfaitement avec ce nouvel état d’esprit qui voudrait que le bonheur individuel soit incompatible avec le bonheur à deux ou à trois, voire supérieur à lui. Le célibat n’est plus une tare ou un handicap, mais un privilège, un choix, un mode de vie assumé !

L’homme (la femme) est égoïste, individualiste, consumériste et capricieux. Il veut regarder SA série, SON match de foot, manger ce qu’IL a choisi, acheter ce qui LUI chante et baiser avec qui bon LUI semble. Et faut pas que ça traîne ! Toute opposition sera éliminée sans sommation. NEXT ! Le couple traditionnel est devenu synonyme de contrainte, de sacrifice et de concession dans un monde où plus personne ne veut en faire ou en subir. Le couple traditionnel est en phase terminal, plus personne ne le conteste. Mais qui va le remplacer : le couple numérique, dématérialisé ? Le couple à la carte ? Le couple-minute, sur place ou à emporter ? Ou rien du tout ?

En attendant que les cartes se redessinent, la junk-love a de beaux jours devant elle.

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